« Je ne vous promets pas d’être heureuse dans ce monde mais dans l’autre » dit la Vierge à sainte Bernadette Soubirous lors des apparitions de Lourdes. Cette parole peut résonner douloureusement, car elle laisse entendre que le bonheur n’est pas une réalité pour notre temps. Qui voudrait d’une telle religion ! Tout dépend ce qu’on entend par être heureux. Le Christ dans le discours des Béatitudes nous promet un bonheur, mais un bonheur bien paradoxal : heureux ceux qui pleurent, les affamés et assoiffés de justice, les pauvres de coeur, etc. C’est parce que ce bonheur est au-delà de ce que nous pouvons imaginer. C’est celui d’une communion parfaite, purifiée de tout retour sur soi. Ce bonheur ne peut être trouvé sur terre que par la communion au chemin que Jésus lui-même a fait, et cela passe par la croix. Nul masochisme en cela. La croix, c’est l’accueil dans la confiance de toutes les épreuves inhérentes à toute vie humaine, habité par la certitude que, grâce à la mort du Christ sur la croix, ces épreuves deviennent pour nous l’occasion de nous attacher au Christ et de nous préparer ainsi à la vie éternelle. C’est pourquoi Jésus énonce comme dernière béatitude le fait d’être rendu semblable à Lui par l’expérience de la persécution. Tout bonheur sur cette terre ne peut être au mieux qu’une annonce lointaine du bonheur du ciel. Heureux sommes-nous si nous avons compris cela, car désormais toute contradiction et difficulté est pour nous l’occasion de retrouver le Christ. Rendons grâce pour les petits bonheurs que nous connaissons sur terre, mais surtout demandons au Seigneur de désirer par dessus toutes choses le bonheur du ciel.